La Cour des comptes, épaulée par quatre chambres régionales des comptes, a rendu un rapport de près de 800 pages sur huit quartiers français dits « prioritaires », de la politique de la ville coûtant 4,498 milliards d’euros sur la période 2008-2018. Objectif ? Jauger l’impact de cette politique sur l’attractivité des quartiers populaires autour de la vie quotidienne : le logement, l’éducation et l’activité économique. Parmi ceux-ci celui des Minguettes – Clochettes, situé sur les communes de Vénissieux et de Saint-Fons, est le plus peuplé des 37 quartiers prioritaires de la métropole de Lyon.
Sa situation explique la longue série des interventions publiques de rénovation urbaine débutées dès 1983, l’inscription du quartier dès 1996 en zone urbaine sensible et dans le grand projet de ville métropolitain dès 2001, aux côtés des quartiers de Vaulx-en-Velin, Lyon La Duchère et Rillieux-la-Pape.
Malgré l’importance des investissements financiers réalisés (programme de renouvellement urbain (PNRU) 2005 à 2015 avec un investissement de 172 M€, 7 M€ de crédits de 2008 à 2014 pour le volet social, 1 242 394 € pour la prévention de la délinquance sur 2008-2018, la vie au quotidien des habitants demeure difficile, au vu des handicaps structurels, de la concentration de publics modestes, d’un trafic de stupéfiants endémique, des difficultés d’insertion professionnelles persistantes. La mixité sociale et des origines s’est dégradée, les habitants regrettant la persistance d’un entre-soi communautaire.
Un phénomène d’évitement scolaire est constaté, mais de moindre ampleur que dans le reste de la métropole de Lyon.
Le quartier se situe dans une zone franche urbaine depuis 2004 et jouxte un bassin d’environ 50 000 emplois. Cette zone franche a attiré près de 400 entreprises, mais celles-ci semblent n’avoir pas eu d’effet sur l‘attractivité du quartier. Les freins à l’employabilité des habitants sont principalement leur faible niveau de qualification (59 % n’ayant pas de diplômes). En conséquence, le quartier se distingue par un niveau de chômage très élevé, plus de trois fois supérieur à la moyenne nationale.
Néanmoins, l’attractivité commerciale du quartier s’est améliorée avec la création du pôle commercial Vénissy.
En conclusion, sur la période 2008-2018, les difficultés socio-économiques des habitants se sont accrues, malgré les nombreuses actions entreprises dans le cadre du contrat de ville métropolitain et des politiques de droit commun.
Le nouveau programme prévoit sur la période 2020-2030, un total de 546,7 M€ (ANRU) : 1 991 logements réhabilités ; 1 013 démolis et un foyer Adomade (161 chambres) ; 2 165 logements sociaux résidentialisés ; 649 résidentialisés, en copropriété.
Ces programmes semblent incontournables et pourtant les progrès qualitatifs sont minces !
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