L’Institut Lumière, créé en 1982, est une association à but non lucratif qui avait pour objet initial de mettre en valeur et de diffuser le patrimoine cinématographique des frères Louis et Auguste Lumière. L’association a en charge la gestion du musée Lumière, la programmation de cinéma classique dans le Hangar du premier Film, des activités pédagogiques à l’intention des élèves de toute la région, et depuis 2009, l’organisation du Festival Lumière, devenu le principal évènement mondial consacré au cinéma classique.
L’association est dirigée par M. Thierry FRÉMAUX, mais les représentants des collectivités publiques sont majoritaires au conseil d’administration (10 sièges sur 14), et les subventions publiques représentent 40 % des ressources de l’Institut qui en dépend donc particulièrement. Ces subventions représentaient 3,6 M€ en 2019, en 2018, 2,128 M€ plus 1,461 M€ de subventions exceptionnelles, notamment pour financer des expositions ou des restaurations. Les quatre acteurs, ville de Lyon, la région Auvergne-Rhône-Alpes, métropole de Lyon et centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) sont membres de l’association et les deux derniers, les principaux financeurs publics.
Les autres recettes sont 1 349 M€ de recettes billetterie, 1 127 M€ de mécénat, 1 115 M€ de ventes de biens et services, 1 006 M€ de partenariats.
La Cour Régionale des Comptes a analysé le fonctionnement de l’association sur la période de 2013 à 2 019. Nous laisserons de côté l’observation concernant la rémunération de Thierry Frémaux, méritée ou pas, mais purement anecdotique dans le contexte, pour relever surtout les défauts structurels de l’ensemble.
L’association a créé, au cours de la période, trois sociétés commerciales dont elle est actionnaire :
- la SAS Cinémas Lumière, en 2014 ;
- la SASU Sorties d’Usine Productions, en 2016 ;
- la SASU Café Lumière, en 2019.
C’est la société Cinémas Lumière qui paraît la plus préoccupante. Elle a été créée en catastrophe pour reprendre l’exploitation de 3 cinémas situés dans le centre-ville de Lyon : La Fourmi, le cinéma national populaire (CNP) Terreaux et le CNP Bellecour.
Cette opération a eu pour conséquence la souscription d’importants engagements juridiques et financiers, de lourds investissements de rénovation, principalement par des subventions accordées par le centre national du cinéma (CNC), la Région ARA et des emprunts, mais la société reste en déficit récurrent avec un modèle économique pour le moins délicat.
De plus si des conventions peuvent être passées entre une association et sa filiale, elles sont restées approximatives pour discerner les mouvements financiers, entre subventions et activités strictement commerciales, créant ainsi des distorsions de concurrence avec de l’argent public.
Certes la fréquentation des Cinémas Lumière est en constante progression (14 % par an et même 19 % en 2019) : ils ont accueilli plus de 264 000 spectateurs en 2019 sur les trois sites, pour un total de 10 écrans et 676 fauteuils. Malgré cela, la situation financière de la société demeure dégradée, 5 ans après sa création, en raison du poids des amortissement.
Fin 2019, les fonds propres de la société Cinémas Lumière sont sérieusement entamés.
Du coup la trésorerie de l’association Institut Lumière est structurellement très faible, inférieure à sept jours de charges d’exploitation fin 2018. Pour faire face à ses besoins récurrents, et indirectement à ceux de sa filiale, l’Institut Lumière a eu recours à divers instruments de trésorerie et emprunts à court ou moyen terme auprès du Crédit coopératif.
Le Festival Lumière a fêté ses 10 ans à l’automne 2019. L’organisation de ce qui est devenu l’un des évènements majeurs du cinéma en France a fait profondément évoluer l’activité, l’organisation et l’équilibre financier de l’association. Plus de la moitié du budget d’exploitation de l’association était consacrée, en 2019, au Festival, devenu la vitrine de l’Institut Lumière.
Pourtant les ressources propres de l’Institut Lumière, qui représentent l’essentiel du financement de l’association, risquent d’être profondément affectées par la crise. Aucun risque de dépréciation des avances en compte courant consenties par l’association à sa filiale Cinémas Lumière n’a été provisionné. Ce maillon faible risque donc de faire s’écrouler un ensemble pourtant prestigieux pour Lyon.
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