Il a fallu dix-sept mois de procédures et une négociation très particulière puisque JCDecaux s’est retrouvé seul candidat à l’appel d’offres. Trois candidats étaient pourtant sur la ligne de départ, Smoov, Clear Channel et JCDecaux, mais la candidature de Smoov a été rejetée, car incomplète et Clear Channel s’est finalement retiré. Smoov a tenté de faire casser la procédure par le tribunal administratif puis le Conseil d’État au motif que les marchés du mobilier urbain et des vélos n’étaient pas séparés.
La métropole de Lyon a donc imposé un contrat indivisible d’une durée de 15 ans comprenant le service Vélo’v, et balayé toute idée d’allotissement du marché.
Faute de concurrence, le principal levier de négociation était donc le montant de la redevance publicitaire que la métropole acceptait de ne pas recevoir en échange de Vélo’v. Finalement la redevance restante, sera de 21 millions d’euros sur l’ensemble du contrat.
Au final, peu d’innovations, les nouveaux vélos se déverrouilleront en plaçant sa carte sur un vélo allégé de 2,3 kilos, 80 bornes seront déployées dans la première couronne, les 2500 Vélo’v électriques n’arriveront pas avant 2020 pour la moitié du parc.
Avec les technologies actuelles, il aurait été possible de renoncer à la gestion municipale de ce service finalement très simple. La collectivité serait ainsi déchargée des risques financiers, contractuels et fiscaux. Il est étonnant que ce soit en République populaire de Chine que ce système complètement indépendant des autorités se soit développé.
En Chine les vélos peuvent se louer de (presque) n’importe où à (presque) n’importe où. Un simple smartphone suffit aux millions d’usagers en ouvrant une application, ils scannent un code QR collé sur le vélo pour débloquer son cadenas. Une fois arrivé à destination, on laisse le véhicule où on veut, prêt pour l’utilisateur suivant.
Au total, une trentaine de sociétés s’arrachent les parts de marché. Ces startups, y compris les leaders du marché Mobike et Ofo, vont installer des balises GPS sur les vélos, pour répondre à la demande, éviter les déposes sauvages, le vandalisme et le vol. Cela permet aux usagers de localiser les vélos libres et les poussent à prendre bien soin des vélos et à ne pas les abandonner n’importe où, en distribuant des points bonus.
Ces exemples montrent de façon admirable comment des initiatives privées viennent répondre aux besoins réels sans engager les collectivités et donc les impôts des Français, pourvu qu’on ne les entrave pas à coup de réglementations ou de concurrence déloyale de sociétés semi-étatiques. Leur environnement concurrentiel les pousse à l’innovation permanente.
Ces exemples viennent rappeler que l’Etat ou les collectivités sont incapables de porter des projets industriels innovants. C’est normal, ce n’est pas leur rôle.
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